AGI - “Nous ferons tout notre possible pour garantir que la situation au Moyen-Orient ne s’aggrave pas” : c’est avec détermination et pragmatisme que le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères italien Antonio Tajani a participé, hier à Paris, à la réunion du groupe informel Quint, format qui associe les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni ainsi que l’Italie. Une attention prioritaire a été accordée par les homologues réunis au Quai d’Orsay - Antony Blinken, Stéphane Séjourné, David Lemmy et le directeur des Affaires politiques du ministère des Affaires étrangères allemand, Gunter Sautter - à la situation au Moyen-Orient, après les récentes explosions de téléavertisseurs et autres appareils de communication fournis au mouvement chiite pro-iranien Hezbollah au Liban, dont Israël est tenu pour responsable. Des épisodes qui risquent d'envenimer une situation déjà tendue à la lumière du conflit dans la bande de Gaza, où il est nécessaire d’arriver au plus vite à un cessez-le-feu souvent évoqué par Tajani.
Le chef de la Farnesina estime qu'il faut y parvenir par "petits pas" et à ce propos il a souligné l'importance des initiatives à mener "ensemble, pour éviter une escalade dans la région". "Il est clair que pour la stabilisation de toute la zone, nous avons besoin d'un cessez-le-feu, de la libération des otages et de l'aide à la population palestinienne. Nous avons besoin de deux peuples avec deux Etats et que les deux se reconnaissent", a expliqué Tajani, en précisant qu’il s’agira “de la dernière étape” d’un parcours de négociations long et complexe. Le ministre italien voit des lueurs d’espoir et une opportunité d’engager une action diplomatique importante malgré la situation: “L'absence de réaction de l'Iran est déjà une chose positive. Téhéran doit comprendre qu'il n'est pas dans son intérêt d'entrer en conflit, et d’autre part je crois important qu'Israël n'aggrave pas le conflit”.
En ce qui concerne le Liban, le ministre des Affaires étrangères italien assure qu'au cas où la situation dégénérerait "un plan d'évacuation est prêt pour les Italiens, en réalité nous l’avons élaboré dès le début de la crise, tant pour les citoyens italiens qui y résident, que pour les militaires”. Pour l'instant "il n'y a pas de risques sérieux pour nos soldats de la Brigade Sassari", a poursuivi le chef de la diplomatie italienne. “Nous suivons la situation minute par minute ainsi que pour tous les citoyens italiens qui se trouvent au Liban, une zone à risque dans laquelle nous déconseillons de voyager depuis des mois : nous sommes prêts à les faire tous revenir”, a encore dit Tajani. Selon lui, l’action prioritaire est la stabilisation politique au Liban, qui reste fondamentale: “L'une des voies à suivre est celle visant à favoriser l'élection du président de la République du Liban, du président de la Banque centrale”, a déclaré Tajani, convaincu que ces démarches puissent servir à ce que le Hezbollah dialogue avec un nouveau chef de l'Etat.
Le président français Emmanuel Macron a exprimé le même point de vue lors d'une conversation téléphonique avec le Premier ministre libanais Najib Mikati, le président de la Chambre des députés de Beyrouth Nabih Berri et le commandant des forces armées du pays Joseph Aoun. Pour Macron, la sécurité au Liban dépend du fait que “toutes les parties libanaises font prévaloir l'intérêt national”, en gardant ses distances “avec les conflits ouverts dans la région”. “Il est de leur responsabilité que le Liban se dote enfin d'un exécutif légitime”, a rapporté l'Elysée. Hier, Macron a également eu un entretien avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et il a reçu à l’Elysée le secrétaire d'État américain Antony Blinken.
Le cadre stratégique commun esquissé à Paris s'appuie sur les informations reçues d'Israël et du Liban, "où se trouvent des contingents italiens, et nos ambassades". Sur le rôle de l'Italie dans la région et sur le dialogue avec l'Iran, Tajani a déclaré qu'il avait déjà parlé avec son homologue iranien et qu'il pourrait le rencontrer à New York. L’Italie et ses partenaires se sont engagés à "travailler intensément", à commencer par le G7, qui aura lieu la semaine prochaine à New York, pour "identifier les initiatives que nous pouvons prendre ensemble pour éviter une escalade dans la région", et à l'occasion de l'Assemblée générale de l'Onu.