AGI - Le projet Elmed, qui prévoit la construction d'une interconnexion électrique entre la Tunisie et l'Italie, a été au centre, le 11 septembre à Tunis, d’une rencontre entre la ministre tunisienne de l'Industrie, des Mines et de l'Energie, Fatma Thabet Chiboub, et les dirigeants de la Banque mondiale (Bm). En présence du directeur régional pour le Maghreb et Malte du groupe Bm Ahmadou Moustapha Ndiaye et du directeur exécutif pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Paul Noumba, les travaux ont mis en évidence l'importance d'Elmed comme "pont énergétique" entre les deux rives de la Méditerranée : l’infrastructure connectera en effet les systèmes électriques d'Europe et d'Afrique du Nord, grâce à la synergie et à la coopération entre Terna - le gestionnaire du réseau italien - et Steg, son homologue tunisien.
La Banque mondiale a approuvé un financement de 268,4 millions de dollars pour soutenir ce projet stratégique, visant à construire une station de conversion et à renforcer le réseau électrique tunisien. Le projet s'inscrit d’ailleurs dans le Cadre de Partenariat Pays (CPF) entre la Tunisie et le groupe de la Banque Mondiale pour la période 2023-2027. Le projet Elmed représente un investissement total d'environ 850 millions d'euros, dont plus de 300 millions seront financés par le Connecting Europe Facility (Cef), le fonds de l'Union européenne pour le développement des infrastructures énergétiques. La Commission européenne a démontré l'importance stratégique d'Elmed en allouant au projet plus de la moitié du budget disponible de l'appel d'offres 2022.
La ligne électrique s'étendra sur environ 220 kilomètres, reliant la centrale électrique de Partanna, en Sicile, à celle de Mlaabi, sur la péninsule du Cap Bon en Tunisie. Environ 200 kilomètres seront couverts par un câble sous-marin, d'une puissance attendue de 600 mégawatts et d'une profondeur maximale d'environ 800 mètres traversant le canal de Sicile. Une infrastructure de cette envergure est sans précédent en termes de coordination entre les gestionnaires de réseaux, les institutions, les banques et les territoires concernés.
Le projet Elmed vise à garantir une plus grande sécurité, durabilité et résilience de l'approvisionnement énergétique, en favorisant également l'augmentation des échanges d'électricité produite à partir de sources renouvelables entre l'Europe et l'Afrique du Nord. Il s'inscrit dans la stratégie énergétique plus large de la Tunisie, qui vise à réduire les émissions de carbone de 45 % d'ici 2030 et à promouvoir la croissance économique grâce à l'investissement dans les technologies propres. La Tunisie accélère son chemin vers un avenir énergétique durable, avec pour objectif de porter les énergies renouvelables à 35% de la consommation totale d'ici 2030, contre 7 pour cent actuellement. A cet effet, l'exécutif tunisien encourage les investissements nationaux et internationaux, en collaboration avec le secteur privé, afin de développer des projets conformes à l'accord de Paris sur le climat.
Lors de la réunion, Ndiaye a réitéré l'engagement de la Banque mondiale à accompagner la Tunisie dans sa transition énergétique, tandis que Chiboub a souligné l'importance d’assurer un soutien technique et financier international. La Tunisie vise à garantir un approvisionnement énergétique sûr et accessible pour tous, tout en développant les infrastructures pour l'utilisation des énergies renouvelables dans le secteur public, telles que les bâtiments et l'éclairage municipal. Le chef du gouvernement tunisien, Kamel Madouri, a également recommandé l'élaboration d'un décret obligeant les institutions publiques à recourir aux énergies renouvelables, offrant ainsi un potentiel d'économie énergétique de plus de 200 millions d'euros et une réduction des émissions de gaz à effet de serre égale à 147 mille tonnes équivalent CO2.