(AGI) - La crise en Mer Rouge a de fortes répercussions directes sur les recettes du canal de Suez qui ont diminué d’un quart, de 23% précisément, sur la période 2023-2024 par rapport à l’exercice précédent, perturbant le commerce maritime mondial et provoquant une hausse des coûts. Selon le président de l'Autorité du canal de Suez, Osama Rabie, 20.148 navires ont transité entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024, avec un tonnage net total d'un milliard de tonnes, générant des revenus de 7,2 milliards de dollars. Au cours de l'exercice 2022/2023 le transit de 25.911 navires avait été enregistré, pour 1,5 milliard de tonnes nettes et 9,4 milliards de dollars de revenus.
Lors d'une réunion avec le commandant du Commandement central des États-Unis (Centcom), Michael Kurilla, Rabie a expliqué que les tensions en mer Rouge ont poussé de nombreux armateurs et opérateurs à “choisir des itinéraires alternatifs”, influençant négativement le trafic des navires dans le canal de Suez, qui “joue un rôle fondamental dans la stabilité et la durabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales”.
Le canal de Suez est la voie navigable la plus courte entre l’Europe et l’Asie. En évitant de contourner l’Afrique par la route du Cap de Bonne-Espérance, sa position stratégique en fait un maillon essentiel du commerce mondial. Rabie a assuré que l'Autorité du canal de Suez continue de soutenir ses clients, en prenant des mesures pour atténuer l'impact de la situation actuelle et cela “grâce à des communications directes et à l'introduction de nouveaux services de navigation”.
"Malgré les défis, la stratégie de développement du canal progresse rapidement pour améliorer sa capacité et son efficacité, maintenir sa compétitivité et renforcer son rôle de leader sur les voies de navigation mondiales", a-t-il déclaré lors de la visite du commandant du Centcom. D’après lui, “il n'y a pas d'alternative réaliste au canal de Suez”.
En effet, à ce jour l'utilisation d'itinéraires alternatifs implique des temps de trajet plus longs de 30 à 40%, des coûts d'exploitation plus élevés - le prix d'expédition des conteneurs a atteint un niveau record en juin - et des impacts environnementaux négatifs avec des émissions de CO2 élevées, ainsi qu'une co-gestion portuaire et des retards dans la livraison des marchandises.
Au contraire, a souligné Rabie, le système de sécurité maritime du canal est “efficace”, car il “garantit un soutien complet aux navires en transit à travers des services de pilotage, de sauvetage, de maintenance et d'autres services de navigation, avec le soutien des Forces armées égyptiennes”. Kurilla, pour sa part, a exprimé son appréciation pour les efforts déployés par l'Autorité du canal de Suez pour gérer la crise et relever les défis de sécurité dans la région.
Selon le Srm, un centre de recherche lié au groupe bancaire Intesa Sanpaolo, le trafic maritime en Italie qui passe par Suez est important : environ 40 % de l'import/export maritime généré par les entreprises italiennes transite chaque année par le canal, soit 130 milliards d'euros. Il en résulte une vulnérabilité particulière du système de production aux interruptions ou ralentissements du canal de Suez.
Cependant, selon les calculs du Srm, basés sur les données d’Assoporti, le système portuaire italien fait face à la crise avec d'excellents résultats. Cela vaut tout particulièrement pour les ports qui ont une forte vocation au trafic de conteneurs : la performance globale des conteneurs manutentionnés a augmenté de 10% au cours des quatre premiers mois de 2024 dans les ports de Gênes et Savone, ainsi qu’à Civitavecchia, Gioia Tauro, Bari, Ravenne et Trieste.
Le chiffre du principal port italien de transbordement, Gioia Tauro (Calabre), se démarque également, en hausse de 26%.
La conséquence la plus importante concerne la nécessité de reprogrammer les arrivées, les départs et la disponibilité des quais en raison des retards des navires.
Un autre effet important, qui affecte particulièrement l'Europe, concerne la décarbonation du secteur maritime : des routes plus longues obligeront les navires à émettre davantage de CO2 et auront donc des coûts plus élevés, liés à la nouvelle réglementation ETS (Emission Trading System). En augmentant le coût des voyages, comme l'équipage et la fourniture de carburant, conséquence de la durée supérieure des trajets, le prix des conteneurs maritimes a augmenté : selon le Drewry World Container Index, au moins de juin il dépasse 4 700 dollars.