(AGI) Le Zimbabwe est candidat à l’adhésion au Brics, l’alliance économique des puissances émergentes qui devrait très prochainement s’élargir, suite aux dizaines de candidatures présentées par de nombreux pays africains, mais pas seulement. L’alliance des grandes puissances émergentes, constituée par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, est de plus en plus influente et attrayante aux yeux de nombreux pays du Sud du monde.
"Le Zimbabwe est prêt à rejoindre ce groupe progressiste qui offrira un environnement alternatif, favorable au libre-échange avec d’autres nations", a récemment déclaré le ministre Oppah Muchinguri Kashiri, cité par le quotidien local Herald. "Le modèle du BRICS repose sur une relation unique guidée par le principe de non-alignement, qui a non seulement permis de surmonter les contraintes idéologiques, mais aussi de faciliter la croissance économique sur la base du respect mutuel, du progrès commun et de la prospérité. Le Zimbabwe croit fermement au potentiel du BRICS pour contrebalancer la domination des puissances occidentales en remettant en cause leur prise de décision unilatérale et en promouvant un paysage mondial plus équilibré", a souligné le membre du gouvernement de Harare lors d'une conférence internationale à Vladivostok, en Russie.
JUST IN: Zimbabwe announces it will formally apply to join BRICS. pic.twitter.com/iTNn1rHYlX
— BRICS News (@BRICSinfo) June 18, 2024
Selon diverses sources d’information concordantes, le Zimbabwe fait partie des pays susceptibles d'être formellement invités à rejoindre l'alliance du Brics. Le Nigéria, plus grande nation africaine est déjà membre du Brics-Mna et pourrait aussi faire son entrée dans le ‘club’ à part entière.
En tout, 45 pays ont manifesté leur désir d’intégrer le Brics, dont 22 ont officiellement déposé leur candidature, tandis que 23 autres ont manifesté leur intérêt de manière informelle.
Parmi les invités pour 2024, on compte l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, l'Argentine – dont le président néo-libéral Javier Milei a déjà décliné l’invitation - l'Iran, l'Égypte et l'Éthiopie.
Excellent leadership, taking our nation forward, and claiming our position as the regional powerhouse when it comes to economic development. Continue leading the nation H.E. pic.twitter.com/qyqTCkMkr7
— Oppah Muchinguri-Kashiri (@OppaMuchinguri) April 2, 2024
Pour savoir qui sera effectivement intégré, il faudra attendre le prochain sommet, qui se tiendra dans la région russe de Kazan en août prochain. Parmi les aspirants africains – qui prennent de plus en plus les distances de la France - on trouve l'Algérie, la République Démocratique du Congo, le Gabon, les Comores, le Maroc, le Sénégal, le Soudan et la Tunisie. De cette liste bien étoffée font également partie l'Afghanistan, le Bahreïn, le Bangladesh, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, le Honduras, l'Indonésie, le Kazakhstan, le Koweït, le Mexique, le Nicaragua, le Pakistan, la Palestine, la Syrie, la Thaïlande, la Turquie, l'Uruguay, le Venezuela et le Vietnam.
Leur adhésion potentielle indique que le Brics souhaite effectivement diversifier leurs membres et étendre leur influence dans des régions traditionnellement négligées par les puissances occidentales. Cette évolution pourrait ouvrir de nouvelles voies pour le commerce, l'investissement et la coopération en matière de sécurité, en particulier avec les pays d'Afrique et d'Amérique latine, mais aussi remodeler le paysage financier mondial et renforcer l’importance de l’alliance économique sur la scène internationale.
Le Brics vise à remettre en cause la domination du système monétaire dirigé par les États-Unis en élargissant le nombre de leurs membres, avec la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud à l'avant garde de la promotion d'un ordre mondial plus multipolaire, en cherchant à promouvoir la dédollarisation et à réduire la dépendance à l'égard du dollar américain dans le commerce et la finance. En 2014, le Brics a lancé sa propre banque de développement pour contrecarrer le système financier mondial établi après la Seconde Guerre mondiale par les accords de Bretton Woods.
La puissante alliance économique exige depuis plusieurs années un rôle plus important dans les organes de gouvernance mondiale et le passage à un ordre multipolaire. Bien que les économies de ses pays membres représentent près de 31,5% du Pib mondial – contre 30,7% pour le G7 – et une démographie de 3,2 milliards d’habitants, le groupe ne dispose que de 15% des droits de vote à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international. Le G7 ne devrait plus représenter que 27,8 % de l'économie mondiale d'ici 2028, tandis que le Brics atteindra le seuil de 35 %.
Toutefois l’ajout potentiel de membres parmi les dizaines de nouvelles demandes pourrait intrinsèquement changer la dynamique du groupe. Pour cette raison l’idée d’un Brics+ suscite des inquiétudes parmi les nations membres, quant à la dilution de leur influence, notamment en ce qui concerne les alliés de la Chine - qui a un Pib deux fois supérieur à celui des quatre autres pays du Brics réunis - soulevant la question de la possible domination de Pékin au sein du groupe.
Depuis janvier dernier l'Iran, l'Egypte, l'Ethiopie, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis font partie du "club des cinq" pays d'origine.