AGI - Les dirigeants de l'Union européenne appellent à l'augmentation et à l'accélération des processus de rapatriement des migrants irréguliers et demandent à la Commission européenne de présenter d'urgence une nouvelle proposition réglementaire à cet égard. C'est ce qui est ressorti du Conseil européen de Bruxelles, qui a développé hier "un débat stratégique approfondi" sur la migration, soulignant qu'en s’agissant d’un "défi européen" la question nécessite une réponse communautaire.
D'où l'appel à une action “à tous les niveaux” pour faciliter, augmenter et accélérer les rapatriements depuis l'Ue, en utilisant “toutes les politiques, ainsi que les outils et moyens pertinents” dont dispose la communauté européenne, y compris la diplomatie, le développement, le commerce et les visas. Les dirigeants de l'Ue ont souligné la nécessité d'une “coopération renforcée avec les pays d'origine et de transit, par le biais de partenariats internationaux mutuellement bénéfiques”, afin de s'attaquer aux causes profondes des flux migratoires et de lutter contre les départs irréguliers.
La nécessité de travailler "en étroite coordination opérationnelle" dans le but de renforcer et de rendre toujours plus efficace la politique migratoire de l'Union européenne a été évoquée dès le matin lors de la réunion informelle convoquée par l'Italie, les Pays-Bas et le Danemark avec certains des pays les plus intéressés par le dossier des migrations et à la recherche de solutions innovantes.
A la réunion ont participé l'Italie, le Danemark, les Pays-Bas et la Commission européenne, ainsi que les dirigeants de l'Autriche, de Chypre, de la Grèce, de Malte, de la République tchèque, de la Pologne, de la Slovaquie et de la Hongrie. La discussion a porté sur le concept d'un pays tiers sûr en vue de la mise en œuvre des règles du nouveau pacte sur la migration et l'asile, sur la collaboration le long des routes migratoires avec le HCR et l'OIM en matière de rapatriement volontaire assisté ainsi que sur les "hubs de retour". A cette occasion, la Première ministre Giorgia Meloni a présenté l'accord Italie-Albanie, suite à l'arrivée des premiers migrants irréguliers dans le port de Shengjin, soulignant le rôle du projet dans la lutte contre les trafiquants d'êtres humains.
La réponse de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ne s'est pas fait attendre. En fin de journée, Von der Leyen a à son tour souligné l'importance d'une approche commune du problème des rapatriements et a rassuré sur l'engagement de la Commission en faveur d'une proposition législative qui améliore celle des migrants irréguliers, exprimant également l'intérêt de l'UE pour un solution sur le modèle Italie-Albanie. Parmi les questions clés à aborder de manière "innovante", a expliqué von der Leyen, il y a la révision du concept de "pays tiers sûr", mais aussi l'idée de développer des sites de rapatriement en dehors de l'Union européenne. Von der Leyen a spécifié que la question n’est pas encore concrète mais qu’elle a déjà été discutée. Elle est également “au centre du travail avec l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), dans ce qu'on appelle une approche globale positive", a-t-elle souligné.
Mais cette fois-ci, donc, il n'a pas été difficile de trouver une ligne commune. "Assez, ce n'est pas n'importe qui à pouvoir entrer en Europe", a déclaré la socialiste danoise Mette Frederiksen. "Nous devons fournir une protection à ceux qui en ont besoin. Nous le ferons toujours et nous ne le remettrons pas en question, mais tout le monde ne peut pas venir. Nous devons être en mesure de choisir qui peut entrer selon nos règles", a fait écho le chancelier allemand, Olaf Scholz, son collègue de parti.
La réunion a été l'occasion pour le Premier ministre de faire le point sur une question délicate comme celle de l'immigration clandestine au lendemain de l'arrivée des premiers migrants irreguliers dans le port de Shengjin, en soulignant son rôle dans la lutte contre les trafiquants d'êtres humains et son effet dissuasif. Les dirigeants ont ensuite discuté des centres de rapatriement possibles en dehors de l'UE : les Pays-Bas pensent déjà à l'Ouganda tandis que le Danemark y travaille avec le Kosovo.
Une autre question soulevée a concerné la possibilité d'organiser des "retours volontaires, dignes et sûrs" des réfugiés syriens. En particulier pour les 400 000 qui vivent actuellement au Liban et qui souhaiteraient rentrer chez eux. Mais cette stratégie pourrait également être adoptée pour les réfugiés syriens rapatriés d'Europe. "S'ils quittent le Liban pour la Syrie, cela signifie que la Syrie est un endroit sûr, et nous devons donc être en mesure de rapatrier les gens là-bas. Et à l'avenir, nous devons également pouvoir le faire pour l'Afghanistan", a déclaré sans ambages le chancelier autrichien Karl Nehammer. En attendant, la première préoccupation de l'Europe est que les 400 000 personnes présentes au Liban ne se rendent pas à Chypre et en Grèce, et donc en Europe.
La Cour de justice de l'UE a clarifié la semaine dernière que "un pays est en sécurité lorsque l'ensemble de son territoire est en sécurité". Toutefois, pour les législateurs de l'UE, cette décision sera caduque en vertu des règles qui vont entrer en vigueur en 2026 selon lesquelles "la désignation comme pays tiers sûr peut être assortie d'exceptions pour certaines parties de son territoire ou certaines catégories de personnes clairement identifiables".