AGI - Dans les nuits d'août, les fauvettes à ailes noires, les grands plongeons, blancs et verts, les fauvettes des roseaux, ainsi que les coucous et les martins-pêcheurs fendent les ciels d'Italie pour rejoindre leurs zones d'hivernage en Afrique subsaharienne. Ils profitent tous des courants ascendants pour se déplacer plus vite et aisement, en alternant le vol diurne, comme le font les martinets et les hirondelles, à celui nocturne, plus confortable pour les oiseaux de proie.
Depuis une trentaine d'années, les chercheurs de MUSE, le musée des sciences de Trente, suivent de près le passage des oiseaux par le biais du "baguage" à des fins scientifiques. Il s'agit en effet d'une méthode autant ancienne que fiable pour suivre les oiseaux dans leur environnement naturel, grâce à une légère bague en métal (posée sur la patte de l’oiseau, plus précisément sur le tarse ou le tibia). Sur chaque bague est gravé le code de la centrale de baguage de référence : l'oiseau migratoire est ainsi identifié avec son numéro unique et donc bien plus facile è étudier.
"C'est un travail très minutieux", expliquent les chercheurs du MUSE de leur avant-poste de Bocca di Caset (Trento), l'une des quinze stations réparties dans les Alpes italiennes et spécialisées dans le "baguage", où travaillent des centaines d'experts, dont des ornithologues, des poseurs des bagues et des "birdwatchers".
L'opération de baguage, notamment, se déroule 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à partir de septembre jusqu'au 25 octobre. Il s'agit d'un événement qui attire de plus en plus des personnes (pas seulement en Italie), qui prennet garde à se réserver bien à l'avance leur place à Bocca di Caset pour assister en direct aux opérations de baguage.
Le mystère des migrations transcontinentales - des ciels d'Europe à ceux d'Afrique - reste une énigme fascinante pour les chercheurs et les curieux de toute sorte. Des centaines d'espèces d'oiseaux migrent au fil des saisons, parcourant d'énormes distances, poussés par des pulsions irrépressibles. Les scientifiques ont identifié les origines de cette activité, mais la capacité inattendue des oiseaux à "apprendre" des itinéraires longs et complexes pour atteindre leur destination, fait encore l'objet d'études sophistiquées.
"Les Alpes - explique Paolo Pedrini, responsable de la station et coordinateur de recherche en biologie de la conservation au MUSE - sont une étape fondamentale dans le voyage de nombreux oiseaux migrateurs, représentant l'un des premiers obstacles qui les séparent de leur destination". "Leur traversée est basée sur l'adoption de stratégies migratoires spécifiques, dont la compréhension constitue un élément fondamental pour garantir la conservation de cette composante de la biodiversité qui transite par nos montagnes", a ajouté M. Pedrini. Incroyablement les oiseaux connaissent - certaines fois mieux que les hommes - les différents environnements et savent bien où ils peuvent s'arrêter, se réfugier et se nourrir". Que ce soit sur les montagnes les plus hautes que dans le désert le plus aride.