AGI - Dans le cadre du Plan Mattei pour l’Afrique, l’Italie se taille un espace de premier plan en tant que nouveau pôle énergétique au centre de la Méditerranée, pont entre les axes Nord-Sud et Ouest-Est du continent européen. C’est autour de cette réflexion que le directeur commercial du Snam, Gaetano Mazzitelli, est intervenu au Meeting de Rimini. “La sécurité énergétique, qui est un bien essentiel pour la communauté, doit être planifiée et construite, elle ne doit pas être vendue au marché” a-t-il expliqué pendant le panel “Sécurité énergétique de la Méditerranée”, organisé avec des experts du secteur public et privé.
Deux après la déstabilisation due au conflit en Ukraine, pour Mazzitelli nous atteignons aujourd’hui “un nouveau point d’équilibre entre la diversification des sources d’énergie et un nouveau système intégré de pays fournisseurs” . Une grande importance a aussi été accordée aux relations privilégiées entre l'Italie et le continent africain dans le domaine des échanges énergétiques et de la coopération stratégique par Carla Napolitano, responsable de l'Innovation au sein du Département Stratégie, Numérique et Développement Durable de Terna. Avec le plan Mattei, la Méditerranée deviendra une plaque tournante de l'énergie européenne, a réitéré Napolitano en prenant la parole
Le groupe a profité de l'occasion pour annoncer un nouveau plan de collaboration avec la Tunisie, la "Terna Innovation Zone", un projet de responsabilité sociale d'entreprise qui verra le jour à l'automne à Tunis et qui permettra de former le personnel de la Steg, une entreprise tunisienne de distribution de gaz et d'électricité.
Un autre projet innovant est la ligne électrique sous-marine Italie-Tunisie (Elmed), une connexion de 220 km dont 200 sous-marins, d'une capacité de 600 MW.
Pour Napolitano le projet, grâce au financement de 850 millions de dollars de l'Union européenne, représente “un précédent important qui renforce la coopération entre l'Europe et l'Afrique” dans le cadre du Plan Mattei. Marco Bernardi, président d'Illumia, souligne le contraste entre réalisme et idéologie qui afflige souvent les décisions politiques.
Selon lui, pour saisir au mieux les opportunités qui naissent d'une période de crise, “trois lignes directrices doivent être adoptées : la fidélité du client comme critère principal au-dessus de la variable donnée par l'évolution des prix ; le fait que les tensions géopolitiques ne sont plus une exception, mais la règle qui régit le système de production, d'où l'importance de se remettre en question et, éventuellement, de changer d'entreprise ; enfin l'intelligence artificielle et les nouvelles technologies appliquées à l'analyse des données de marché".
Mario Antonio Scino, chef de cabinet du ministre de l'Environnement et de la Sécurité énergétique, a mis l'accent sur l'utilisation de l'énergie nucléaire. “Le scénario futur voit le développement de l'énergie nucléaire également en Italie pour atteindre les objectifs de l'UE en termes de décarbonisation et de mise en œuvre de sources renouvelables”, a-t-il ajouté en présentant le Plan National Intégré pour l'Énergie et le Climat (Pniec).
En arrière-plan du débat, cependant, sont restées les préoccupations liées aux incertitudes politiques actuelles. Bien avant le déclenchement des hostilités au Moyen-Orient, la guerre en Ukraine et l'interruption des livraisons de gaz et de pétrole en provenance de Russie ont conféré à l'Italie une position centrale sur l'échiquier énergétique européen. Dès le lendemain de l'invasion russe de Kiev, le gouvernement Draghi de l'époque avait signé pas moins de 15 accords de coopération avec l'Algérie, faisant de ce pays d'Afrique du Nord le premier fournisseur de gaz de l'Italie.
Les accords ont été bien suivis par les faits : la part du gaz algérien dans les besoins énergétiques totaux de l'Italie a plus que doublée depuis 2021. Les flux entrants du gazoduc Transmed, qui relie l'Algérie à l'Italie via la Tunisie et arrive à Mazara del Vallo, ont augmenté du même rythme ce qui permet aujourd'hui à l'Italie de faire face assez aisément à l'hiver et aussi de devenir une plaque tournante pour les flux de gaz destinés au reste de l'Europe. Un scénario qui se consolidera davantage grâce aux gisements égyptiens au sud-est, aux exportations croissantes de la Libye et au gazoduc Tap (Trans-Adriatic Pipeline) à l'est, qui achemine le gaz de l'Azerbaïdjan vers le Vieux Continent.