AGI - Il existe 50 producteurs de café dans le monde, dont la moitié se situe en Afrique. C’est dans cette filière que l’Italie entend investir et plus précisément en Ouganda, qui représente aujourd'hui le cinquième producteur mondial de café. Sa situation géographique fait du pays le plus “jeune” d’Afrique une importante source de café cultivé toute l’année, a dit le ministre d'État à l'Agriculture Fred Bwino Kyakulaga au Meeting pour l'Amitié des Peuples de Rimini, soulignant que le café est le principal produit d'exportation de l'Ouganda et représente 30 % des recettes en devises du pays.
Le directeur du département de la transformation économique et de l'innovation de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), Günther Beger, rappelle que Rome collabore avec l’agence depuis 2015, notamment dans le secteur du café, et que son gouvernement entend s’engager pour “améliorer la chaîne de valeur et soutenir la production locale". Un engagement qui a été confirmé par le vice-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Edmondo Cirielli. “Le Fonds climatique italien alloué par l'Italie pour soutenir les activités de lutte contre le changement climatique peut également être un outil utile dans ce secteur très important", a-t-il souligné.
Un producteur de café ougandais gagne 3 dollars par kilo de café vendu, tandis que les vendeurs de café en poudre à l'étranger gagnent plus de 100 dollars
En 2023, Kampala a gagné 1,14 milliard de dollars grâce aux exportations de café, secteur dont elle dépend. Toutefois, a souligné le ministre Kyakulaga lors de la conférence “Augmenter la résilience du café en Afrique”, si le 75% du café qui est produit en Ouganda est vendu à l’étranger, les producteurs de café en Ouganda gagnent 3,3 dollars avec un kilo de café vert, alors qu’un vendeur d’expresso encaisse 107,4 dollars. Une injustice qui a été reconnue par Andrea Illy, président d'Illycaffè : "5 % de la valeur finale reste dans les pays producteurs : c'est trop peu".
Changement climatique et manque d'innovation : l'avenir de la chaîne d'approvisionnement en Afrique est en danger
Les autorités ougandaises s’inquiètent d’ailleurs de la faible résilience des champs de café. “La chaîne de valeur du café devient vulnérable”, souligne le ministre Kyakulaga, pour qui “les graves conséquences du changement climatique s’accompagnent du manque de recherche et d’applications de technologies innovantes pour la culture intelligente des champs”. Dans ces conditions, la diversité disparaît, s’inquiète le ministre, qui invite à diversifier la production afin d’en augmenter la valeur ajoutée. Selon Andrea Illy, “nous devons apporter le plus de soutien possible des pays producteurs, améliorer les pratiques agronomiques et intervenir rapidement dans le renouvellement des plantations".
Dans ce contexte, le Secrétaire général de l'Organisation Interafricaine du Café (OIAC), Salomon S. Rutega assure que l’organisation tente “d'harmoniser les défis et d'exploiter toutes les opportunités pour le continent africain”. Selon lui, OIAC propose une vision innovante, “qui consiste à transformer la filière café africaine en ajoutant de la valeur tout au long de la chaîne d'approvisionnement”.
Les quatre axes stratégiques d'action pour accroître la résilience de la caféiculture africaine
L'initiative se concentre sur quatre axes stratégiques : le soutien politique, la recherche et le développement de variétés résistantes au climat, la collaboration étroite avec des partenaires privés, ainsi que l'éducation, la formation et le renforcement des capacités. Pour mettre en œuvre un plan de prévention, de protection et de résilience des champs de café en Afrique, Illy considère qu’il faudra “environ 10 milliards de dollars, en essayant d’investir un milliard par an”. Un projet qui ne sera pas réalisable sans une coopération internationale efficace et synergique.