(AGI) - Plus de ressources pour l’Afrique dans le cadre d’une coopération bilatérale et multilatérale renforcée pour œuvrer au développement réel du continent jeune. Telle est l’idée de fond du Plan Mattei, une stratégie qui inspire l'ambitieuse initiative lancée par le gouvernement italien lors du sommet Italie-Afrique en janvier dernier. A la base il y a aussi la prise de conscience que la naissance d'une classe moyenne africaine représente une opportunité extraordinaire pour le monde entier, et pas seulement pour l'Italie.
Le vice-ministre des Affaires étrangères, Edmondo Cirielli, a présidé la cinquième réunion du Comité mixte de coopération au développement 2024. Un ensemble d'interventions d'une valeur de 720 millions d'euros a été approuvé. L'Afrique est confirmée comme le principal bénéficiaire des interventions de la coopération italienne.
"Le véritable changement de rythme est dû à l'augmentation des fonds versés pour la coopération, qui passent de 515 millions d'euros déployés en 2022 à 720 millions en 2023, soit une hausse de 50 %. Quant à l'Afrique, on est passé de 191 millions d'euros versés en 2022 à 471 millions d'euros en 2023", a déclaré le vice-ministre Cirielli lors d'une audition devant la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des députés.
"Tous les instruments financiers du Plan Mattei ont également octroyé des quotas fixes à l'Afrique et ont approuvé une augmentation significative: par exemple, on est passé de 345 millions d'euros versés par la Cassa Depositi e Prestiti - un organisme public italien contrôlé à 82,77% par le ministère de l'Économie et des Finances italien et à 15,93 % par diverses fondations bancaires italiennes - en 2022 à 570 millions en 2023, et de 34 millions pour le Fonds renouvelable en 2022 à 225 millions en 2023. Il ne s'agit pas de ressources supplémentaires pour le système de coopération, mais de ressources supplémentaires mises en place pour l'Afrique", a poursuivi M. Cirielli, soulignant le fort engagement en faveur de projets bilatéraux ou multi bilatéraux.
Selon le PDG de la Cassa Depositi e Prestiti (Cdp), Dario Scannapieco, l'Italie "est très bien placée pour construire une coopération renforcée avec les pays africains dans une approche de bénéfice mutuel", car elle peut aspirer à devenir "un important centre d'infrastructure, d'énergie et de logistique pour les pays africains et l'Europe". Un secteur crucial, selon le PDG de la Cdp, est celui des infrastructures africaines, pour lesquelles "plus de 100 milliards de dollars par an sont nécessaires" et dans lesquelles "l'Italie peut apporter sa contribution". M. Scannapieco a ajouté qu'en tant que Cassa Depositi e Prestiti, "pour la première fois, nous dépasserons le milliard de financement en Afrique" en 2024.
Pour les années 2025 et 2026, "il y a un portefeuille de projets qui peuvent potentiellement être financés, et à ce jour, nous en sommes à environ 2,3 milliards de projets que la Cdp pourrait financer". Dans le nouveau plan d'entreprise de la Cdp, M. Scannapieco a finalement annoncé que "l'idée est d'essayer d'ouvrir d’autres bureaux en Afrique subsaharienne : l'un pourrait se trouver à Abidjan, étant donné la relation très étroite avec la Banque africaine de développement, et l'autre pourrait être situé au Kenya, où il y a de nombreuses possibilités d'investissement".
Le directeur de l'Agence italienne pour la coopération au développement (AICS), Marco Riccardo Rusconi, a rappelé que l'Afrique est le continent prioritaire pour l'Agence, qui y est présente avec la moitié de ses bureaux à l'étranger et de son personnel, environ 300 sur 663. "À ce jour, plus de 400 projets de développement et d'aide humanitaire sont en place en Afrique, pour un total de 2 milliards d'euros de crédits d'aide et de subventions. L'agriculture, la santé, l'éducation, l'eau et l'hygiène - tous des piliers du Plan Mattei - représentent chacun entre 10 et 15 % du stock", a souligné Rusconi.
Deux nouveaux bureaux ont été récemment créés pour renforcer la présence de l'AICS en Afrique, qui repose actuellement sur huit établissements: Tunis, Le Caire, Addis-Abeba, Nairobi, Maputo, Ouagadougou, Niamey et Dakar. "Deux nouveaux bureaux seront également ouverts à Kampala et à Abidjan", a annoncé le directeur, qui n'a pas exclu la possibilité d'ouvrir des bureaux de projets en Afrique australe, en particulier dans les pays intéressés par le projet du corridor de Lobito, auquel l'Italie a récemment adhéré aux côtés des États-Unis et de l'Union européenne.