(AGI) - L'avenir de la Syrie est fondamental pour la sécurité de l’Europe : pour cette raison l'Italie, l’Autriche, la Croatie, Chypre, la République tchèque, la Grèce, la Slovaquie et la Slovénie visent à un recentrage du pays du Moyen-Orient dans l’agenda de l’Union européenne.
En proie à une guerre civile depuis 2011, la Syrie a une position géographique stratégique dans la région et joue un rôle crucial dans le contexte plus large des crises humanitaires, qui sont à l’origine de flux migratoires croissants vers l'Europe.
Pour toutes ces raisons, le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani et ses homologues du groupe de pays signataires ont transmis une proposition à Josep Borrell, Haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, en vue du Conseil européen d’aujourd’hui. Ils suggèrent de s’engager concrètement pour la Syrie, en créant des conditions de vie décentes, la possibilité d’un retour volontaire, sûr et digne pour les réfugiés syriens ainsi que leur réinsertion socio-économique durable, conformément à la législation de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr). Le groupe de signataires souhaite également contribuer de manière proactive à la recherche d’une solution politique durable au conflit.
Le dernier document sur la stratégie à adopter en Syrie remonte à 2017. Ce texte affirmait, notamment, qu’ “il ne peut y avoir de paix durable en Syrie sous le regime actuel” ; toutefois, au vu de l'évolution de la situation sur le terrain et dans l'ensemble de la région, l'UE est appelée à adopter une approche réaliste et durable. Les huit ministres européens proposent donc de passer en revue et d'examiner les résultats obtenus jusqu'à présent, l'efficacité des actions entreprises et des outils disponibles ainsi que les différentes options pour changer l'approche de l'UE face à la crise en Syrie. L'examen de la situation syrienne devrait également impliquer les différentes réflexions des États membres, du Service pour l'action extérieure de l’UE (Seae) et de la Commission européenne.
A titre d'exemple, dans la proposition envoyée à Borrell, sont mentionnées les sanctions imposées au début de la crise en 2011 dans le but de faire pression sur Damas: une solution qui, souligne le groupe, après plus d’une décennie, continue d’affecter négativement la population sans pour autant peser sur les décideurs politiques. Le conflit syrien dure depuis plus de 13 ans maintenant, provoquant des souffrances humanitaires sans précédent au sein de la population, en portant à des niveaux record le nombre de personnes déplacées vers les pays voisins et l’Europe.
L’explosion de nouveaux conflits, tels que l’Ukraine ou la bande de Gaza, a toutefois éclipsé la Syrie dans l'agenda diplomatique international. Aujourd’hui, les donateurs majeurs réduisent leur soutien en raison de la forte demande d'aides à l'échelle mondiale, contribuant ainsi à aggraver la situation humanitaire.
En 2023, la Ligue arabe a décidé de réadmettre la Syrie dans la Ligue arabe et d’ouvrir un dialogue avec Damas, dont les autorités contrôlent environ 70 % du territoire. Pendant ce temps, le processus politique mené par l’Onu pour faire avancer le Processus de Genève ou le Comité constitutionnel est au point mort ; actuellement, une solution politique conforme à la résolution 2254 de l’Onu paraît inaccessible, alors que la crise humanitaire s’aggrave sous l’effet conjugué d’un effondrement économique imminent. Les huit ministres de pays européens appellent donc à une révision de la stratégie syrienne, en examinant, entre autres, la nécessité de nommer un envoyé pour interagir avec les parties impliquées, et le renforcement de la coopération avec l'émissaire de l'Onu.