(AGI) - Alors que les raids israéliens se poursuivent et que le président américain Biden, protagoniste ces jours-ci du sommet de l'OTAN à Washington, insiste pour que Tel-Aviv et le Hamas parviennent à une rencontre sur les otages et le cessez-le-feu dans la bande de Gaza, Rome a accueilli une rencontre-confrontation sans précédent entre deux figures de proue des relations israélo-palestiniennes : l'ancien ministre israélien des Affaires étrangères et ministre de la Sécurité intérieure, Shlomo Ben-Ami, à l'époque de l'administration Clinton, l'un des grands négociateurs et protagonistes du sommet de Camp David et Mustafa Barghouti, fondateur du parti Initiative Nationale Palestinienne dont il est toujours le président.
Une initiative organisée par la Fondation Ducci en collaboration avec le Campidoglio (la Mairie de Rome) et le maire Roberto Gualtieri avec l'intention - comme l'a souligné son président, Paolo Ducci - "d'apporter une contribution concrète de Rome, ville de paix par excellence, au rapprochement des parties". C'est dans ce contexte qu'après de vifs échanges de vues, les deux dirigeants âgés se sont donnés une chaleureuse accolade, mais après avoir tous les deux reconnu - avec la même franchise - qu'il y a peu d'espoir de faire avancer le plan de Washington avec la médiation du Qatar, de la Turquie et de l'Égypte.
En effet, si Ben-Ami n'a pas hésité à qualifier l'exécutif de Benjamin Netanyahu comme "un gouvernement de théofascistes et d'expansionnistes" avec lequel il sera “impossible de parvenir à un accord”. D'autre part, Barghouti a insisté sur le fait que “le plan actuel ne peut pas fonctionner“ car "on ne peut certainement pas remplacer l'occupation israélienne par une occupation internationale".
En présence de Vincenzo Paglia, archevêque et conseiller spirituel de la Communauté de Sant'Egidio, et du président de l'Institut pour les Affaires Internationales (IAI), Ferdinando Nelli Feroci, M. Barghouti a pointé du doigt les atrocités israéliennes commises à Gaza, en rappelant que "l'on ne peut pas isoler ce qui se passe de ce qui s'est passé avant" soit, à son avis, "une occupation israélienne qui dure depuis 57 ans".
"Les atrocités commises aujourd'hui à Gaza, a-t-il poursuivi, sont une combinaison de trois crimes de guerre déjà reconnus par la communauté internationale : le génocide, la famine comme arme de guerre et les déplacements forcés de civils”. “Le gouvernement de Netanyahu – a-t-il poursuivi - n'a pas d'autre objectif que d'effacer la Palestine, alors que la solution des deux États telle qu'elle est configurée par l'administration Biden “ne peut pas fonctionner parce qu'il est inacceptable de maintenir des troupes à Gaza”.
Qu'est-ce qui pourrait fonctionner pour construire la paix ? “Un gouvernement basé sur un consensus national à la fois à Gaza et en Cisjordanie", a répondu Barghouti, "... Et si vous voulez des troupes", a-t-il poursuivi, "alors mettez des contingents aux frontières de la Cisjordanie et de Gaza".
“Le gouvernement de Netanyahuu est un gouvernement de théofascistes et d'expansionnistes et doit être démis de ses fonctions, non seulement parce qu'il constitue un obstacle au processus de paix, mais aussi parce qu'il est la meilleure recette pour le suicide collectif des Israéliens", a insisté Ben-Ami, en soulignant que les Israéliens continuent d'organiser quotidiennement des manifestations de rue contre le gouvernement et pour un cessez-le-feu.
L'ancien ministre israélien des affaires étrangères a également reconnu les contradictions de Tel-Aviv et de la communauté internationale qui ne veulent pas accepter la réalité du Hamas. “Cependant, a-t-il dit, “si Hamas deviendra une force cohérente et cohésive, le fait que les Palestiniens souhaitent que le Hamas fasse partie de la coalition doit être respecté”. En même temps, à son avis, il est crucial d'écarter Netanyahu, “car on ne peut rien faire avec lui”.
Quel sera l'impact de l'arrivée de Trump à la Maison Blanche sur la question du Moyen-Orient ? Selon Ben-Ami, "avec Trump, c’est impossible de faire des prédictions, mais peu de choses changeront pour Israël, car Biden lui-même n'a malheureusement pas réussi à atténuer le conflit jusqu'à présent".
La paix sera-t-elle possible ? Barghouti a affirmé que “s'il existait un État palestinien comprenant la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est, le Hamas, accepterait l'accord”. La solution souhaitée par Ben-Ami est plus articulée : l'établissement d'une confédération d'États correspondant à la "Palestine historique", c'est-à-dire la Cisjordanie, la Jordanie et Israël.