(AGI) - Le Gouvernement libyen d'unité nationale (Gnu) organise le 17 Juillet le Forum trans-méditerranéen sur les migrations (Tmmf), une conférence visant à "aborder la question des migrations à travers une vision stratégique commune formulée par les pays de la région".
Comme il ressort d'un document officiel de douze pages, l'exécutif libyen basé à Tripoli entend "assurer une coordination intégrée sous le même parapluie" entre les pays d'origine, de transit et de destination des flux migratoires. L'initiative est présidée par le ministre d'État chargé de la communication et des affaires politiques, Walid al Lafi.
L'idée était en gestation depuis un certain temps, mais elle a pris un élan concret après les visites du premier ministre Abdulhamid Dabaiba dans les principales capitales européennes et africaines : plusieurs dirigeants européens et africains ont alors manifesté un intérêt considérable et leur volonté de participer. “À ce jour, l'Italie a confirmé sa participation, ainsi que d'autres pays comme l'Espagne, Malte et l'Allemagne", a expliqué le porte-parole du gouvernement de Tripoli. L’Italie devrait être représentée par le ministre de l'Intérieur, Matteo Piantedosi.
Selon les données du ministère italien de l'Intérieur actualisées aujourd'hui, la Libye a devancé la Tunisie comme premier pays de départ des embarcations à destination de l'Italie. En date du 9 juillet, au moins 27.024 personnes étaient arrivées sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, soit une baisse d'environ 60% par rapport aux 71.007 arrivées enregistrées au cours de la même période en 2023. Ce chiffre est également inférieur aux 30.962 arrivées recensées au cours de la même période en 2022. Une analyse des pays de départ montre que 15.000 migrants sont arrivés de Libye, soit une baisse de 50 % sur base annuelle. En revanche, juste 10.300 migrants provenaient de la Tunisie, une forte diminution de 70 % par rapport au boom de 35.000 arrivées durant les six premiers mois de 2023.
"Le Forum transméditerranéen sur les migrations vise à réunir les partenaires des deux côtés de la Méditerranée afin d'établir un cadre stratégique de coordination et de coopération. Dans ce contexte, tous les pays impliqués sont des partenaires clés, non seulement pour la Libye, mais aussi entre eux, comme le suggèrent les objectifs du Tmmf", ajoute al Lafi.
Selon le bureau libyen de l'Organisation internationale pour les migrations (Oim), la traversée des migrants en Méditerranée centrale, qui comprend à la fois la Tunisie et la Libye, a fait 399 morts et 487 disparus, soit un total de 886 victimes entre le 1er janvier et le 6 juillet 2024. Dans la semaine du 30 juin au 6 juillet, 598 migrants ont été interceptés et renvoyés en Tripolitaine, la région occidentale de la Libye, en particulier à Zawiya et Tripoli. L'Oim rapporte que, depuis le début de l'année, 9.578 migrants ont été renvoyés en Libye, dont 8 480 hommes, 641 femmes, 136 personnes pour lesquelles les données de genre ne sont pas disponibles et 31 mineurs.
En ce qui concerne les mineurs, il convient de mentionner que la Libye a ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant. Avec le soutien de l'Ue, il est théoriquement possible de mettre en place des centres pour les femmes et les enfants, afin qu'au moins un premier tri puisse être effectué.
L'ambassadeur de l'Ue en Libye, Nicola Orlando, encourage la Libye à "travailler en étroite collaboration avec l'Unicef Libye pour trouver des solutions humaines, notamment dans la perspective du Forum sur la migration du 17 juillet".
"Les enfants ne sont jamais 'illégaux'. Ce sont des enfants. Libyens ou migrants, leur place n'est pas en détention. Ils ne devraient pas avoir à payer pour les responsabilités des adultes. Je n'ai jamais rencontré un Libyen qui ne soit pas d'accord avec cela", a déclaré l'ambassadeur.