Après 104 jours de fermeture, le ministre de l'Intérieur du gouvernement libyen d'unité nationale, Imad Trabelsi, et son homologue tunisien, Khaled al Nouri, ont participé à la cérémonie officielle de réouverture du poste de frontière de Ras Jedir, diffusée en directe à la télévision publique libyenne.
Le 19 mars dernier le passage avait été fermé par la partie libyenne pour des "raisons de sécurité", après le déclenchement d'affrontements armés entre les forces du ministère de l'Intérieur de Tripoli et des groupes armés locaux.
Selon les autorités gouvernementales libyennes, la fermeture était nécessaire en raison de l'opposition farouche des groupes armés libyens qui contrôlent la contrebande de carburant, le marché noir transfrontalier et la traite des êtres humains. Les municipalités libyennes frontalières avec la Tunisie se plaignaient, quant à elles, de l'incapacité à assurer les services essentiels à la population et ont accusé le ministre Trabelsi de mettre en œuvre des politiques "racistes" à l'égard de la communauté berbère Amazigh.
Le 12 juin, les gouvernements libyens de Tripoli et de Tunisie ont signé un accord de sécurité pour la réouverture du passage au moins pour le transport des malades et des blessés du nord-ouest de la Libye vers les établissements de santé tunisiens. Le passage est situé près de la ville de Ben Guerdane, dans le gouvernorat de Médenine, et à 180 kilomètres de la capitale Tripoli.
Pendant les mois de fermeture, le trafic de passagers et de marchandises a été détourné vers le passage de Dhahiba Wazen, provoquant des embouteillages et de longues files d'attente, jusqu'à 20 heures, en plein Eid al Fitr, la fête islamique du sacrifice. En mars dernier, Trabelsi avait ordonné la fermeture du poste frontière terrestre avec la Tunisie et le retrait du personnel stationné au passage "pour préserver les vies humaines et les biens publics".
La décision a été adoptée après que les milices berbères de la ville libyenne de Zuwara aient repoussé une colonne de véhicules envoyée de Tripoli pour prendre le contrôle du passage. Depuis un certain temps, la zone frontalière entre la Libye et la Tunisie est le théâtre de problèmes de sécurité croissants, résultant de changements radicaux dans la gestion du passage et de l'exclusion des forces qui le contrôlent depuis des années. Ces derniers ont été accusés de complicité dans des activités de contrebande et d'autres violations de la sécurité.
Par ailleurs, la réouverture du passage de Ras Jedir intervient alors qu'une délégation technique de l'Union européenne est en visite en Libye pour discuter de la gouvernance des migrations et de la gestion des frontières dans le respect des droits de l'homme.